Le Donut au service de la coopération au développement

20 décembre 2024 par
Le Donut au service de la coopération au développement
Swiss Donut Economics Network, Karin Mader

« Le modèle du Donut nous permet de sensibiliser les collectivités publiques suisses au fait que leurs politiques de durabilité ou leurs plans climats ne peuvent pas s’arrêter à leurs frontières.  
Lorsque l’on regarde le donut mondial et le donut suisse, il est frappant de constater les inégalités. Ce constat sans appel nous force à réfléchir aux interdépendances, et par conséquent, aux responsabilités qui en découlent. »
 
La Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco) est intéressée de voir si le Donut peut servir de boussole ou de guide pour la conception de programmes de coopération internationale ou pour orienter les actions et stratégies d’ONG.


Interview par notre Co-Présidente Karin Mader avec Léa Baeriswyl, responsable des partenariats et du partage des savoirs et Lucie Engdahl, responsable communication de la Fedevaco.

  • La Fedevaco c'est quoi? Que faites-vous?

La Fédération vaudoise de coopération (Fedevaco) est la faitière des organisations vaudoises actives dans la coopération internationale. Notre rôle est de faire le lien entre nos membres et nos partenaires : la Direction du développement et de la coopération (DDC), les communes vaudoises et les départements du Canton. Le but est de sensibiliser aux conditions de vie dans les pays du Sud global, d’augmenter l’Aide publique au développement, et de trouver des financements pour le travail de nos membres.

  • Qu’est-ce qui vous a décidé à mettre la théorie du donut au centre lors de votre Conférence annuelle ?

La conférence annuelle regroupe nos partenaires financiers des collectivités publiques et nos organisations membres. Grâce aux liens qu’il établit entre les dimensions sociales et environnementales, à l’échelle locale et globale, le modèle du Donut nous permet de sensibiliser les collectivités publiques suisses au fait que leurs politiques de durabilité ou leurs plans climats ne peuvent pas s’arrêter à leurs frontières. Que ce soit pour la dimension sociale ou la dimension environnementale, ces stratégies doivent tenir compte de leur impact au-delà de leurs territoires. Le modèle du donut permet de visibiliser les interactions extraterritoriales et ainsi de mettre en lumière la nécessité d’agir à plusieurs niveaux. Il permet également de situer les projets de coopération internationale dans ce cadre, comme contribuant à la fois à la réalisation des besoins fondamentaux et à la préservation de l’environnement à l’échelle globale.

  • Nous avons entendu parler d’une activité ludique lors de votre conférence annuelle, ça nous intéresse!

Oui, nous avons dévéloppé un Quiz permettant aux participant·e·s de réfléchir ensemble aux interdépendances globales, en donnant une place à la coopération au développement dans ces interactions. L’objectif est que les participant·e·s, réparti·e·s en groupes, se mettent d’accord pour choisir les deux réponses par question qui permettent d’accéder dans l’espace sûr et juste du Donut. Lors de l’explication des résultats, les groupes sont placés sur un cadran qui illustre plusieurs scénarios se rapprochant plus ou moins du plancher social ou du plafond environnemental, ou dans le meilleur des cas, dans l’espace sûr et juste du Donut. 
Dans l’ensemble, les retours ont été très positifs et ont permis certaines prises de conscience. Les discussions ont été riches et stimulantes. Nous avons eu l’occasion de refaire le quiz avec plusieurs publics différents et à chaque fois, ils se sont pris au jeu.

  • En quoi la théorie du Donut peut-elle soutenir le travail de la Fedevaco ?

Le modèle du Donut est un outil de sensibilisation très efficace, car il est particulièrement visuel. Lorsque l’on regarde le donut mondial et le donut suisse, il est frappant de constater les inégalités. Ce constat sans appel nous force à réfléchir aux interdépendances, et par conséquent, aux responsabilités qui en découlent. C’est un modèle de durabilité qui ne fait aucune concession sur la satisfaction des besoins fondamentaux pour toutes et tous et qui vise à permettre à chacun·e où qu’iel se trouve, de mener une vie sûre et juste. Ce sont précisément les objectifs de la Fedevaco et de ses organisations membres. Représenter les effets des projets de solidarité internationale sur le Donut permet de les ancrer dans un mouvement et dans une démarche globale. Cela permet aussi de montrer qu’ils sont partie prenante des efforts à réaliser pour un monde plus durable. Cela fait écho à notre vision.

  • Quels futurs voyez-vous avec le donut au sein de la Fedevaco ? 

Nous aimerions développer le jeu, en ajoutant des questions sur les aspects dont nous ne traitons pas actuellement, et peut-être le décliner en versions spécifiques pour les communes, les jeunes, etc. Nous souhaitons également poursuivre nos réflexions sur  le rôle de la coopération internationale dans le modèle du Donut. Nous prévoyons de mener cette réflexion en collaborant avec nos organisations membres et en continuant nos échanges avec le monde académique et la société civile. Il serait aussi intéressant de voir si le Donut peut servir de boussole ou de guide pour la conception de programmes de coopération internationale ou pour orienter les actions et stratégies d’ONG.

  • Merci beaucoup pour cette interview ! Nous avons hâte d'entendre la suite des événements et d'en parler ici sur la plateform.

Photo : copyright Alain Herzog