Une vie bonne – mais qu’est-ce que ça veut dire ?

13 octobre 2025 par
Swiss Donut Economics Network, Sam Nüesch

Rapport de Sam Nüesch, membre du groupe central du « Swiss Donut Economics Network » et membre de l’équipe « Teil der Lösung » (Partie de la solution).

Qu’est-ce qu’une vie bonne, au fond ? C’est la question qu’a explorée le  LifeLab 26 de Teil der Lösung . Avec cette série d'événements Christel Maurer, la fondatrice, et son équipe souhaitent inspirer des modes de vie plus durables et des formes d’économie régénératives. Comme fil conducteur servent des modèles tels que celui de l’économie du donut, qui visent à préserver les limites planétaires tout en garantissant le bien-être humain.
 

En partenariat avec le Swiss Donut Economics Network, cette édition s’est intéressée à une question aussi ancienne que fondamentale : qu’est-ce qu’une vie bonne ? – une réflexion qui traversait déjà les pensées de Socrate, Platon, Aristote et bien d’autres. Et ce soir-là, nous avons compris pourquoi ce vieux sujet mérite aujourd’hui un nouveau regard  

« Buen vivir » signifie « bien vivre »

Comme l’a rappelé Christel Maurer dès le début de la rencontre, notre conception occidentale du « bien vivre » s’est enrichie grâce à des penseurs comme Alberto Acosta. C’est lui qui a popularisé le concept du « buen vivir » ou « sumak kawsay », issu des traditions indigènes andines. Cette vision inclut non seulement le bien-être humain, mais aussi des écosystèmes sains et des relations harmonieuses avec les autres formes de vie – toutes essentielles à une vie vraiment bonne. 
Le LifeLab a donc exploré le « bien vivre » sous trois angles complémentaires : planétaire, communautaire et individuel.

Bien vivre : une question d'équilibre

Du point de vue planétaire, Laurène Descamps du One Planet Lab s’est appuyée sur le modèle du donut de Kate Raworth pour montrer qu’une vie bonne, c’est celle où les besoins essentiels de chacun sont comblés sans dépasser les limites écologiques. Théoriquement, c’est faisable – mais en pratique, aucun pays n’a encore trouvé cet équilibre. Les pays où la majeure partie de la population vit bien dépassent les limites écologiques ; et les pays qui ne dépassent pas les limites écologiques n’arrivent pas à répondre aux besoins sociaux fondamentaux de leur population.  
Et il faut l’avouer : changer nos comportements individuels ne suffira pas. Selon Laurène, ces changements pourraient contribuer jusqu’à 45 % de la transition nécessaire, mais plus probablement jusqu’à 20 % seulement. Ce qu’il faut, c’est un changement de système : de nouveaux récits, de nouvelles règles du jeu, et une mobilisation de la majorité silencieuse, celle qui, au fond, souhaite déjà plus d’action pour le climat. Heureusement, de nombreuses initiatives existent déjà et montrent concrètement que d’autres voies sont possibles.

Bien vivre, c'est bien vivre ensemble

Vivre bien, c’est aussi retisser des liens. Comme l’a souligné Fred Frohofer de Neustart Schweiz , un bon nombre d’activités qui assurent notre bien-être font déjà partie de ce qu’il appelle l’économie des besoins : La subsistance, le travail de care, les activités bénévoles. Selon ses sources, cela représente près de 55 % de l’économie totale. Quand les gens s’organisent en réseaux de voisinage, les bénéfices sont clairs : moins de coûts, plus de temps, plus de liens. Mais une « peur de la communauté » empêche encore ces pratiques de se généraliser. Les crises à venir pourraient bien changer cela, comme on l’a vu en Grèce, où de nouvelles formes de solidarité ont émergé.

Le vrai changement commence à l’intérieur 

Enfin, Cornelia Huber du Impulszentrum Holdenweid a invité à un regard plus intérieur. Pour elle, le changement durable doit venir de soi, et demande un travail personnel. Il ne s’agit pas de tomber dans le relativisme ou le dogme, mais de cultiver une attitude consciente : Qu’est-ce qu’une vie bonne pour moi ? Et comment puis-je la reconnaître, même dans mes moments de culpabilité ? Le défi, dit-elle, c’est que les conséquences de nos actions ne se manifestent souvent qu’avec le temps – qu’il s’agisse de l’écologie, de notre vie personnelle ou de nos relations.

Des possibilités simples vers une vie bonne dans le donut 

Au fil de la soirée, une image claire s’est dessinée : Une vie bonne repose sur trois piliers – la responsabilité planétaire, la solidarité communautaire et la réflexion individuelle. Mais surtout, elle naît de l’interaction entre ces trois dimensions.   
Quelle est ma façon, à moi, de contribuer à ce que nous vivions dans le donut ? C’est la question que se sont posés les participant·es. Et des discussions en petits groupes, il est ressorti un fil rouge : beaucoup cherchent des gestes simples et concrets pour s’engager dans une société plus durable et plus juste. Cela peut passer par le quartier : s’impliquer dans un jardin collectif, s’abonner à une AMAP (agriculture soutenue par la communauté), faire de la solidarité de voisinage, ou encore échanger des outils, des vélos et des objets via des groupes locaux. Autant de façons de créer du lien, de contribuer à la transition, et, finalement, de rendre sa propre vie plus riche et plus pleine de sens.

Photo : Teil der Lösung